Comme tous les jours depuis des centaines d’années, malgré quelques petites exceptions selon chaque situation, j’ai commencé à faire le tour de l’île par les points les plus sensibles. Ceux qui par lesquels peuvent arriver plus facilement les dangers. Riannon étant sans doute en train d'étudier ou de s'occuper dans un lieu sécurisé, il ne pouvait pas lui arriver grand-chose. Je pris donc pas le temps d'inspecter toute les zones par lesquelles je passais avant que mon tour ne commence à s’approcher de cette zone éloignée des écoles et de la ville.

Actuellement, je me trouve à environ 82 km l’académie Akasuki, là où étudie ma princesse. Celle-ci étant occupée à suivre des cours comme une élève humaine (quelle connerie…), je me dirige sans m’arrêter vers la forêt Tasogare. Mon but est de vérifier que rien ne peut perturber plus que cela la paix de mon île. Après tout, deux dangers publics se promènent déjà à leur guise depuis plusieurs années. Leur aura ne mentent pas : ils sont à surveiller de très près. Qui sait ce qu’ils ont derrière la tête en restant sur cette île. Cela ne coûte rien d’être prudent à leur sujet. A propos d’un autre aussi d’ailleurs…

Mon expression se fait plus dure alors que j’entends une voix beaucoup trop familière à mon goût m’appeler comme il en a l’habitude. J’aurais préféré qu’il ne garde pas en mémoire son “amour” pour moi. Mieux, il aurait été préférable qu’il oublie jusqu’à mon existence en perdant la vie ! Malheureusement, il est encore plus persistant que de son vivant, ce qui me rend de plus en plus hargneux à son sujet. J’ai l’envie viscérale de faire voler sa tête et de détruire son essence pour que cette terre n’ait plus à être foulée par un goujat de son espèce. Je me retiens néanmoins afin de ne pas devenir un danger moi-même. Après tout, si je me laisse aller à mes instincts je ne vaudrais sans doute pas mieux que lui. Je me force donc à l’ignorer alors qu’il me parle, clairement pour tenter de me draguer comme il en avait l’habitude par le passé. Il m’agace. Et encore ! Si j’avais le mot pour démontrer à quel point il fait monter la pression, je pense qu’il serait plus vulgaire et fort que celui-ci. Tant et si bien que j’en viens à le fusiller du regard en le menaçant de mon katana. Cela me démange de le blesser de mes mots. Je me contente néanmoins de serrer fortement des dents en lui faisant comprendre de mon expression ce que je pense de lui. Il n’a malheureusement pas l’air de vouloir assimiler le message. Je sais donc qu’il reviendra très bientôt quand il fait mine de me laisser tranquille pour le moment. Je suis persuadé qu’il pourrait revenir dans seulement quelques minutes parce que “je lui manque trop”, que “je suis l’amour de sa vie et qu’il regrette de m’avoir laissé tomber”. Il fallait y penser avant de me jeter comme un torchon sale !

J’arrive enfin devant la sortie de Ananéosi. Tout semble calme, mais ce n’est pas vraiment étonnant. Je m’y attendais puisque c’est principalement ainsi la plupart du temps. A vrai dire, je serais bien plus nerveux dans le cas contraire. Par contre, il me semblait bien que quelqu’un était en train de me suivre… Comme prévu, Minos est incapable de me laisser de l’air, de comprendre que maintenant qu’il m’a abandonné il n’y a plus rien entre nous. Le voilà donc qui continue de me harceler encore et encore malgré les menaces implicites que je lui fais. Evidemment, il aurait été bien trop beau qu’il les comprenne. Ainsi, ce n’est que lorsque je l’attaque de mon katana qu’il part à nouveau. Je laisse alors échapper un soupir, sûr qu’il allait encore revenir à la charge une fois qu’il penserait que je suis calmé. Il n’en est rien. Je sais que dès que je le verrais je réagirais toujours de la même manière. Ce n’est pas pour rien que je souhaite le détruire. Enfin… Maintenant qu’il semble parti au moins momentanément, j’en profite pour faire une vérification des alentours.

C’est lors de ma vérification de la zone que je tombe sur les deux dangers publics qui se disent “gardiens”. Je ne sais pas où ils vont, mais je compte bien le découvrir, au cas où. Je ne veux surtout pas qu’ils fassent face à ma princesse. Malheureusement, un mouvement me stoppe dans mes inquiétudes et mon avancée dans leur direction. Je me tourne vers la personne qui s’avance vers moi et mon regard se veut meurtrier dès que je découvre la silhouette qui semble me suivre. Sérieusement ? Il ne compte vraiment jamais me lâcher ?! Véhément, je me tourne pleinement vers lui pour lui faire part du fond de ma pensée :



Cette fois, je ne le lâche pas du regard, prêt à l’attaquer si jamais il continue à être insistant. Quelle excuse va-t-il inventer, cette fois ? A moins que... J'ai du mal à y croire, mais il semble que cette personne ne soit pas Minos. Je peux sentir qu'à son contact je me nourris légèrement de sa sensation d'être perdu, que ce soit d'une manière ou d'une autre. Si cette personne est bien un être humain, pourquoi ressemble-t-il à Minos ? A moins qu'il n'y ait quelqu'un d'autre à proximité et que ce soit bien Minos face à moi ? Sur mes gardes, je ne peux pas sauter aux conclusions. Garde la tête froide, Remi. Rien de bon ne ressortira de la précipitation.